Épidémiologie

épidémiologie des cancers dans la région Grand Est

Situation régionale et départementale

Incidence* régionale et départementale

Chez l’homme, dans la région Grand Est, l’incidence des cancers, toutes localisations confondues, est légèrement supérieure à la moyenne nationale (+ 4 %). Chez la femme, l’incidence est comparable à celle de la France métropolitaine prise dans son ensemble.

On estime que durant  la période 2007-2016 ce sont 31 909 nouveaux cas de cancers par an qui sont survenus. Le nombre de cas annuel durant cette période 2007-2016 est estimé à 17 936 chez l’homme et à 13 973 chez la femme.

Chez l’homme, la mortalité par cancer est plus importante dans les départements situés à l’ouest de la région.

Les départements alsaciens présentent une situation plus favorable pour certains cancers liés à la consommation de tabac.

Mortalité régionale et départementale

Chez l’homme comme chez la femme, la mortalité par cancer dans le Grand Est est légèrement supérieure à celle de la France métropolitaine sur la période 2007-2014. Le nombre annuel de décès par cancer est estimé à 8 050 chez l’homme et à 5 699 chez la femme. Au total, ce sont 15 150 décès estimés par an sur la période 2007-2014.

Chez l’homme, tous les départements de la région présentent une surmortalité, variant de 6 % à 16 %, à l’exception des deux départements alsaciens dont la situation est comparable à celle de la France métropolitaine. Le département des Ardennes est celui qui se distingue le plus, avec un écart de 16 % à la moyenne nationale.

Chez la femme, les rapports standardisés de mortalité (SMR) départementaux varient moins que chez l’homme, allant de 1,02 pour les deux départements alsaciens à 1,09 pour les Ardennes et la Moselle.

Pour en savoir plus, consultez la publication complète de 2019 réalisée par Santé Publique France, le Réseau FRANCIM, les Hospices Civils de Lyon et l’INCa sur : https://www.e-cancer.fr/content/download/254656/3530368/file/Estimations_incidence_mortalite_Grand_Est_janvier_2019.pdf

*Incidence : nombre de nouveaux cas d’une maladie, pendant une période donnée et pour une population déterminée. En général, l’incidence est établie pour 100 000 habitants.

Spécificités départementales

Outre les particularités départementales mentionnées ci-dessus, les Ardennes, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle présentent une situation plus défavorable que les autres départements pour certains cancers liés à la consommation de tabac, notamment les cancers du poumon (les trois départements sont en sur-incidence et surmortalité importantes), de la vessie (Meurthe-et-Moselle et Ardennes) et de l’estomac (Moselle).

Les deux départements alsaciens présentent un profil similaire et atypique par rapport au reste de la région pour certains cancers. En particulier, l’incidence et la mortalité de certains cancers liés à la consommation de tabac, tels que les cancers du poumon et de la vessie, ou à l’exposition conjointe tabac-alcool telles que les cancers de la lèvre-bouche-pharynx, ou encore du larynx, apparaissent souvent comparables voire inférieures à la moyenne nationale, contrairement à la région prise dans son ensemble.
Par ailleurs, ces départements présentent une sous-incidence pour le cancer du col utérin, sans que la mortalité puisse être appréciée faute de disponibilité des estimations à l’échelle infranationale. Ces deux départements sont les seuls de la région à bénéficier d’un programme de dépistage organisé du cancer du col utérin continu depuis 1994, dans le Bas-Rhin, et depuis 2001, dans le Haut-Rhin.

Enfin, le Bas-Rhin est le seul département de la région à présenter une sous-incidence faible mais significative pour le cancer du sein. C’est également dans ce département qu’un programme pilote de dépistage organisé des cancers du sein a été mis en place de façon continue depuis 1989.

Pour en savoir plus, consultez la publication complète de 2019 réalisée par Santé Publique France, le Réseau FRANCIM, les Hospices Civils de Lyon et l’INCa sur : https://www.e-cancer.fr/content/download/254656/3530368/file/Estimations_incidence_mortalite_Grand_Est_janvier_2019.pdf

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Des disparités régionales selon les localisations cancéreuses

Cancer du poumon

La région présente une sur-incidence et une surmortalité pour le cancer du poumon, deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et troisième chez la femme. Ce phénomène est plus marqué et plus homogène chez l’homme, tous les départements étant concernés à l’exception des départements alsaciens.

Cancer de la vessie

De la même manière on observe un excès de cas de cancers de la vessie, plus marqué chez l’homme, mais qui ne s’accompagne pas d’une surmortalité à l’échelle régionale. L’excès d’incidence est relativement homogène au sein de la région tandis que la situation apparaît plus contrastée pour la mortalité, certains départements de l’ouest présentant une sur-incidence alors qu’une sous-mortalité est constatée dans les deux départements alsaciens.

La répartition spatiale pour le cancer de la vessie sera proche de celle du cancer du poumon en termes d’incidence comme de mortalité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les variations géographiques de la prévalence de la consommation de tabac, facteur de risque principal et commun à ces deux localisations, pourraient, en partie, expliquer ces disparités. En effet, en 2000, la part de fumeurs réguliers parmi les 15-75 ans était la plus élevée en Lorraine (32 %) et la plus faible en Alsace (28 %). Toutefois en l’absence de données d’exposition antérieures disponibles à cette échelle, cette mise en parallèle doit rester prudente.*

Cancer Colorectal

La région présente un léger excès d’incidence et une surmortalité nette pour le cancer colorectal chez l’homme, troisième cancer masculin le plus fréquent. Cet écart ne se retrouve pas chez la femme. D’éventuelles différences géographiques d’exposition aux principaux facteurs de risque chez l’homme pourraient contribuer à expliquer ce phénomène. Toutefois, il n’existe pas de données disponibles sur la consommation alimentaire et la sédentarité à l’échelle régionale ou départementale dans le Grand Est. Quatre départements pilotes de la région avaient mis en place un programme de dépistage organisé du cancer colorectal dès 2003-2004 (Haut-Rhin, Marne, Ardennes, Moselle). Cependant, le recul depuis sa mise en place est insuffisant pour détecter un éventuel impact sur l’incidence, et surtout sur la mortalité par cancer colorectal sur la période 2007-2014.

Cancer de l’estomac

L’excès de cas et de décès par cancers de l’estomac dans la région est observé surtout chez les femmes. Trois départements de l’est partageant des facteurs culturels et alimentaires communs sont plus particulièrement concernés (les départements de l’Alsace et la Moselle). Toutefois, en l’absence de données sur la consommation alimentaire à un niveau départemental, il est difficile de formuler des hypothèses solides.

Cancer du corps utérin

La région se distingue également par une sur-incidence des cancers du corps utérin, constatée dans tous les départements, mais de façon plus marquée à l’est de la région. La mortalité n’étant pas disponible à l’échelle infranationale pour ce cancer, la situation épidémiologique ne peut être appréciée de façon complète. Il n’existe pas de données détaillées permettant d’apprécier la répartition des principaux facteurs de risque hormonaux et reproductifs, ni de connaître la prévalence des hystérectomies pour pathologie bénigne avec un recul suffisant. La répartition géographique des facteurs de risque métabolique à l’échelle des ante-régions ne semble pas, à elle seule, pouvoir expliquer le gradient observé de façon satisfaisante. En effet, la prévalence de l’obésité, en 1997, était de 8,5 % en Champagne-Ardenne, de 9,1 % en Alsace et de 10,5 % en Lorraine [2].

Cancer du rein

Chez la femme encore, une sur-incidence ainsi qu’une surmortalité sont observées pour le cancer du rein, de façon plus marquée dans l’est de la région. Il est intéressant de noter que les cancers du rein chez la femme et du corps utérin partagent un facteur de risque commun, l’obésité, et que la répartition géographique de l’incidence de ces deux cancers chez la femme est assez proche. Toutefois, les facteurs de risque de ces cancers sont multiples et, comme évoqué pour les cancers du corps utérin, l’obésité ne saurait expliquer seule la répartition observée.

Cancer de la thyroïde

La région se distingue par une sous-incidence des cancers de la thyroïde, de plus en plus marquée d’ouest en est. Cette sous-incidence s’accompagne paradoxalement d’une surmortalité qu’il convient d’interpréter avec précaution, la précision étant limitée, en raison d’effectifs de décès très faibles.

Cancer du testicule

Il est encore à noter une sur-incidence pour le cancer du testicule, l’un des cancers les plus rares chez l’homme. La surmortalité associée est difficilement interprétable du fait du faible nombre de décès liés à ce cancer de très bon pronostic.

Enfin, trois cancers pour lesquels les estimations de l’incidence ne sont disponibles ni à l’échelle régionale ni à l’échelle départementale, présentent des particularités au sein de la région. Pour ces localisations, les registres généraux des cancers situés dans chacun des deux départements alsaciens permettent de connaître l’incidence.

Tout d’abord, une sur-incidence des mélanomes cutanés est observée en Alsace, où les taux d’incidence sont parmi les plus élevés des départements couverts par un registre général, chez l’homme comme chez la femme. La mortalité comparable à la moyenne nationale dans ces départements et au sein de la région peut laisser penser que l’excès de cas est représenté par des cancers diagnostiqués à un stade précoce, donc de bon pronostic.

Une surmortalité est observée pour le cancer du foie chez les femmes uniquement. En l’absence de données suffisamment détaillées sur la consommation d’alcool et sur la prévalence des hépatites B et C à l’échelle départementale, il convient de rester prudent sur les hypothèses explicatives.

Enfin, une sous-mortalité des cancers du larynx est constatée chez l’homme. Dans les deux départements alsaciens, une sous-incidence concordante avec la mortalité est observée chez l’homme, et de manière moins marquée, chez la femme. Chez la femme, l’analyse de la mortalité ne peut être approfondie du fait d’une précision limitée en raison d’effectifs faibles. Les résultats chez l’homme se rapprochent de ceux observés pour les cancers de la lèvre-bouche-pharynx, également liés à la consommation conjointe de tabac et d’alcool, notamment pour les deux départements alsaciens. Pour les autres localisations cancéreuses, la région présente une situation comparable à la situation métropolitaine.

Pour aller plus loin : PANORAMA DES CANCERS EN FRANCE – EDITION 2021 – INCa
Cette brochure synthétise les données essentielles les plus récentes sur les principaux cancers en France (incidence, mortalité, survie, etc.), ainsi que les actions de prévention et de soin que l’on peut mener avant, pendant et après la maladie. Des décryptages d’experts dans le domaine complètent les chiffres présentés.